Faut-il être insensé ou complètement frappadingue pour espérer et croire qu’un jour, L’IMPOSSIBLE devienne POSSIBLE ?
La folie tient-elle la place de la compagne fidèle et obligée de ces rêveurs invétérés ?
Est-elle indissociable et inhérente à ces idéalistes que l’on dit fous, que l’on dit “ autres ”, à part et différents, mais qu’en secret, on envie, on jalouse et on admire ? À ces visionnaires poursuivant l’excellence, qui glissent sur la sagesse, se moquent de leur époque, se rient de la raison, passent outre leur ignorance et misent sur leur audace ? À ceux qui visualisent leurs rêves, les voient loin, les voient haut, bien qu’ils n’aient qu’une vague idée de départ et pas de mode d’emploi pour arriver au bout ? À ceux qui s’acharnent, essayent, recommencent, persévèrent malgré l’obstacle, qui s’accrochent à un projet utopique aux accents d’illusion, un idéal virtuel n’existant dans aucune réalité si ce n’est à l’intérieur de leur cervelle farcie de mille schémas ? À ceux qui ont des rêves qui les dépassent, des rêves bien plus grands qu’eux, des rêves dans la pensée divine, d’inatteignables poursuites du vent et de quêtes de Saint Graal ? À ceux qui ont la faiblesse de leur folie et leur folie comme puissance créatrice ? À ceux que l’on pense ”pas tout à fait normaux” ni “comme Monsieur Tout-le-monde” ? À ces “fous furieux” raillés par la culture populaire et mis au ban, mis de côté, mis au placard, au rebut ou à l’index ? À ceux que l’on méprise avant l’accomplissement, qui provoquent les rires et que l’hystérie guette ? À ces illuminés un peu trop dingues et souvent incompris ? À ces pseudos mystiques conduits et inspirés par une voix extérieure ; mue par une instance supérieure ou par quelque chose de l’ordre du divin, du transcendant ? À ceux qui vendent jusqu’à leur âme ou leur dernière chemise, qui bradent charme et jeunesse, se privent des grands plaisirs, délaissent toutes séductions pour ne prendre en maîtresse que l’illusion d’un rêve ?
Une maîtresse tentaculaire et exclusive qui ne partage pas, leur demande tout et exige tout. Une maîtresse qui les happe et les vide de toute substance, mais dont ils tirent la force créatrice et destructrice. Une maîtresse despotique les entraînant toujours plus loin, toujours plus haut…
Qui sont ceux-là?
Ceux qui, propriétaires et dépositaires d’une de ces révélations absolues qu’ils seraient chargés de mener à bien, se sont donnés le devoir de transmettre aux générations d’après.
À ceux qui ne savent pas et qui en ont besoin ?
Une révélation vampirique et vampirisant, prenant toute la place et les assiégeant jour et nuit. Une révélation à laquelle ces passionnés finissent par croire plus qu’à eux-mêmes ; plus qu’à leur propre vie, à leur misérable vie…
Une révélation dont la plupart ne voient jamais la réalisation et dont ils ne goûtent jamais l’achèvement. Une révélation qui parfois les emmène dans la mort, mais qui ne leur survit presque jamais. Une révélation comme un besoin irrépressible, à qui ils donnent corps et matière avec abnégation et dévouement. Une révélation exigeante à qui ils s’offrent en rechignant le moins possible. À qui ils abandonnent ce qu’ils ont de meilleur et de plus cher. À qui ils cèdent, sans compromis, leurs mains, leur temps, leur intelligence, leur raison, leur énergie, leur âme, leur bien-être, leurs désirs, leur réputation et leurs honnêtes projets…
Un renoncement ?
Un don de soi ?
Pas tout à fait… car au bout, l’œuvre est là !
Croire à cela plus qu’en tout autre chose.
Y croire jusqu’à la déraison… jusqu’à l’inéluctable… jusqu’au sacrifice de soi… au sacrifice ultime…
Leur vie pour les autres.
Leur vie pour la mission, pour le devoir, pour le progrès, pour l’art, pour l’avancement du monde, pour le changement, pour le miraculeux… ou simplement au nom des siens, par soumission et par amour.
By Christ’in
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