Dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, on lit :
Art. 4. – La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi
Tous les jours, Pierre Neuville rabâchait à qui voulait l’entendre, qu’il était libre comme l’air ; qu’il n’avait nulle obligation envers quiconque ni aucun compte à rendre à personne ; qu’il était libre de faire ce que bon lui semblait, quand il le souhaitait et comme il l’entendait !
Au risque d’y perdre sa liberté, il disait sans se lasser qu’il n’avait ni amour, ni argent, ni pardon, ni service, ni considération à donner à qui que ce soit ! Sa liberté en étendard, il se targuait aussi d’être un homme détaché de tous dogmes, de toutes religions, de toutes traditions et de toutes contraintes, et s’identifiait comme un libre-penseur.
Et au risque de choquer, Pierre Neuville ne s’interdisait rien ! Les autres, leurs idées, leurs besoins, leurs états d’âme, cela l’indifférait complétement et l’éloignait de tout le monde, même des plus bienveillants et des plus patients.
Pierre Neuville favorisait tellement sa liberté au détriment de celle des autres, que tôt ou tard, ceux qui croisaient sa route finissaient par l’éviter, l’ignorer et même le fuir. Même ses proches lui reprochaient d’être insupportable, invivable, égocentrique, borné et excessif, et le reprenaient sur son comportement qu’ils prétendaient « anormal, fou, exagéré, absurde… ».
Si égoïstement libre et si farouchement attaché à ce besoin d’indépendance, Pierre Neuville n’avait cure de ces jugements de valeur. Fermés aux critiques et enfermé dans ses opinions, il s’était fâché avec l’ensemble de sa famille et n’avait jamais pu construire d’amitié véritable et pérenne. Mais de ce rejet et de cet isolement, Pierre Neuville n’en souffrait pas du tout… Bien au contraire….
« De toute façon, assurait-il, l’attachement entrave la liberté ; s’accompagne de bien trop d’hypocrisies et d’un devoir de services à rendre. Cela réclame d’investir du temps qui pourrait me servir à tout autre chose et implique de faire des efforts. Tout cela est gaspilleur d’énergie et de minutes précieuses. L’amitié, c’est vain et inutile ! »
Dans l’esprit de Pierre Neuville, entretenir des liens sociaux, revenait à le restreindre dans sa liberté de penser, de faire ou de dire. Et ça, pour l’homme indépendant qu’il se targuait d’être, ce n’était pas concevable ! Ainsi donc, croire que Pierre Neuville puisse un jour nouer des relations avec autrui, c’était vouloir le priver de SA très et bien trop chère liberté qu’il avait hissée au rang d’idole et que rien ni personne ne pouvait détrôner.
Que ce soit clair ! Sa liberté physique, mentale et intellectuelle étant sa seule motivation, il la défendrait toujours, envers et contre tout, et n’était pas encore né celui qui lui dicterait sa conduite, qui musèlerait sa bouche, limiterait son champ d’actions et le contraindrait dans ses pensées !
Et les années passant, Pierre Neuville ne s’était jamais remis en question.
— Libre ! Je suis libre ! hurlait-il, les bras grands ouverts et tournant sur lui-même.
— Je suis content d’être libre ! chantait-il, un sac sur la tête, dans le parc de l’asile entouré de hauts murs infranchissables. Je me fous de l’opinion des autres, parce-que je suis libre et que je fais ce que je veux !
By Christ’in
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