Quelle étrange étrangeté de prendre conscience qu’on a atteint 50 ans…
Étrange, lorsqu’on songe à sa vie passée, à son vécu, à ses rêves et à tout ce qui nous a construits… Étrange, lorsqu’on se souvient de nos pensées d’autrefois.
Pensées d’une enfant qui, du haut de ses dix ans, s’imaginait que les personnes de plus trente ans étaient des « vieux » ; que ceux qui en avaient quarante étaient « très vieux » et que les cinquantenaires entraient directement dans la catégorie des « vieillards ». Étrange, car tandis que je suis arrivée à cinquante ans, il m’est curieux de constater que mes pensées sont loin d’être celles d’une vieille dame ennuyante, oublieuse et résignée…
En réalité, à mon grand bonheur et à mon grand étonnement, je me vois pourvue d’un pactole de cinq décennies.
Oui, la chose est sûre; je suis dépositaire et héritière de cinq décennies. 5 X 10 ans compressés dans mon système neuronale sous forme d’images intactes et de sensations encore actives.
Bien entendu, je n’ai plus l’exact souvenir de ce chemin parcouru durant cinquante années. Les choses sans véritable importance se sont effacées, mais l’essentiel est toujours là, bien présent et vivant !
Malgré ma mémoire passoire, j’ai en moi le souvenir de cinq Christine. Ainsi, il me semble qu’il y a à peine une semaine, ma copine Nelly, âgée de dix ans, frappait à ma porte et me proposait de jouer à la Barbie dans le local à vélos. Local où jamais personne ne mettait son vélo et nous servait de salle de jeux annexe. En me replongeant quelques secondes dans cette période, j’ai la conviction que si Nelly revenait toquer, là, maintenant, à ma porte, j’aurais le cœur qui battrait la chamade et je me hâterais de la rejoindre. Le ressenti et le désir de la Christine de dix ans n’ont pas disparu…
Je suis encore et toujours l’adolescente qui, châle noir sur la tête pour se faire de longs cheveux, se trémoussait devant la glace de son armoire et faisait son numéro de charme à un gars imaginaire.
J’ai l’impression que quelques jours à peine se sont écoulés depuis que, riant du haut de mes vingt ans avec les potes, je partageais avec eux de délicieux délires à la terrasse d’un troquet.
La Christine trentenaire, mère de deux petites filles et consacrant sa vie à son foyer, est elle aussi toujours présente en moi. En me concentrant un court instant, je sens encore la main minuscule et tiède de mes enfants qui serraient la mienne.
Christine et ses quarante ans ne m’ont pas davantage quitté. Celle qui, pensant avoir réussi sa vie en étant chef d’entreprise, trouvait une ambition et un accomplissement bien plus grands en choisissant la Foi. Cette Christine là me touche et je l’aime de façon plus particulière.
Oui, je dois bien me l’avouer, je ne suis pas tout-à-fait une femme de cinquante ans telle que je le croyais il y a de longues années en arrière dans ma cervelle immature. Je constate et j’admets que je n’ai pas de pensées propres à la cinquantaine ni même un regard radicalement différent sur la vie ; j’ai simplement un tout petit plus de recul sur les choses et un supplément de connaissances sur les gens, mais c’est tout…
C’est tout…
Oui, je suis simplement autre ; simplement à une autre étape de ma vie ; à une autre étape de mon développement. Je suis simplement une femme qui évolue avec cinq décennies en elle. Une femme qui vit avec cinq Christine sur lesquelles je pose un regard attendri sans jugement ni mélancolie.
Cinq Christine et cinq étapes différentes dont j’ai gardé de vivaces émotions ainsi que des désirs inhérents à chacune.
By Christ’in
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