Numéro 1 – Le plus beau métier du monde
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Paul, Clémentine et Lucette, sont assis en tailleur les uns en face des autres, et en attendant d’avoir l’autorisation d’aller jouer dehors, ils patientent en discutant.
— Tu voudrais faire quoi Clémentine quand tu seras grande ? demande Lucette.
— Je voudrais faire quoi ? questionne la fillette.
— Oui, quel métier ?
— Mmm… réfléchit Clémentine. Eh bien, j’aimerais avoir deux bras !
— Deux bras ? s’étonne Lucette. Mais c’est pas un métier ça, et puis tu as déjà deux bras !
— Pfft… ben oui, confirme Paul en haussant les épaules. Tu les as déjà tes deux bras, alors dis-nous pour de vrai, ce que tu voudrais faire plus tard ?
— En fait, je voudrais avoir deux bras grands ouverts, précise Clémentine.
— Je comprends rien du tout, s’agace Lucette. Avec toi, c’est toujours pareil, tu fais toujours des mystères.
Lucette soupire et hoche la tête.
— Bon, et toi Paul, tu voudrais faire quoi ?
Le visage du petit garçon s’illumine et il répond avec enthousiasme en faisant de grands gestes.
— Moi, je voudrais piloter des avions deux fois plus grands que ceux qui volent déjà dans le ciel. Et dans mes super méga avions qui fonceraient plus vite que la lumière, j’emmènerai des milliers de personnes et on fera des super méga loopings, des vrilles et des moulinets, tête en haut et tête en bas, comme ça et comme ça ! Oh ça oui alors ! C’est ce que je voudrais faire plus tard ! Et toi, Lucette ?
— Moi, ça me plairait bien d’être maîtresse d’école, mais pas n’importe quelle maîtresse ! Je voudrais être une maîtresse gentille et rigolote qui ferait tout le temps des blagues à ses élèves et qui leur apprendrait les choses marrantes et qui font rêver, et pas tous les trucs difficiles qu’on comprend pas et qui me font bailler.
— Super ! Et tu leur apprendrais quoi comme choses ? questionne Paul.
— Mmm… réfléchit Lucette, qui tord son nez et pose un doigt sur sa bouche. Mmm… Des choses sur les pays fantastiques et sur les autres enfants du monde entier. Ceux qui habitent à des millions kilomètres de chez nous, qui s’habillent pas comme nous et qui parlent d’autres langues.
— C’est chouette ! s’exclame Paul en applaudissant.
— Oui ! Et puis une maîtresse d’école, c’est intelligent et ça sait répondre à toutes les questions, et ça me plaît de savoir beaucoup de choses !
— Tu seras une super maitresse d’école Lucette ! dit Paul avant de se retourner vers Clémentine. J’en suis sûr !
— Bon, alors et toi, dis-nous vraiment, mais alors vraiment, vraiment, ce que tu veux faire et arrête de nous parler de tes bras.
— Et pourquoi je ne devrais plus en parler ? interroge Clémentine. C’est pourtant vrai que je veux avoir deux bras grands ouverts quand je serai grande.
— Mais pour faire quoi ? s’énerve Lucette en fronçant les sourcils. Pour mesurer des choses ?
— Non, lui répond Clémentine.
— Mmm… Pour tirer ou pour soulever des choses ?
— Non plus.
— Ben, je ne sais pas et je donne ma langue au chat.
— Moi aussi, acquiesce Paul.
— En fait, dit Clémentine, je voudrais avoir des bras grands ouverts et aussi des épaules confortables !
— Pfft… soupire Lucette. Je crois que tu te moques de nous et c’est vraiment pas gentil.
— C’est vrai ! approuve Paul. Tu devrais pas te moquer de nous et nous faire marcher comme ça…. Dis-nous ce que tu veux faire, un point c’est tout !
— Mais je vous dis la vérité !
— Mais pour quoi faire des épaules confortables ? questionne Paul. Pour porter des choses sur ton dos ?
— Non, dit Clémentine.
— Oh et puis flûte ! s’irrite Paul qui croise les bras et se met à bouder. Tu n’es vraiment pas gentille de nous faire des mystères !
— Oui, pas gentille, ajoute Lucette, les lèvres crispées et le front plissé.
Vexés, Paul et Lucette ne parlent plus.
— Alors ? Vous ne voulez pas en savoir plus ? demande Clémentine.
Paul et Lucette s’interrogent du regard.
— Ben si, on voudrait bien savoir, murmure Lucette.
— D’accord ! Alors, posez-moi la question !
Lucette s’exécute et interroge sa copine avec une moue renfrognée :
— Dis-moi Clémentine, tu voudrais faire quoi plus tard ?
— Eh bien, je voudrais avoir deux bras grands ouverts, des épaules confortables et ?
La petite fille laisse planer le mystère un instant et reprend :
— Et une bouche savoureuse, comme le dit souvent maman.
— Quoi ? Une bouche savoureuse ? s’étonne Lucette. Mais pour quoi faire ? Pour manger des choses ? Tu voudrais être une cuisinière ?
— Non, dit Clémentine en souriant.
— Décidément, tu n’es pas drôle, soupire Lucette. Tu es énervante !
Paul décroise les bras et s’exclame :
— Je sais ! Tu veux être goûteuse professionnelle !
— Non plus, s’amuse Clémentine.
— Bon, ça suffit, s’irrite Lucette, dis-nous une bonne fois pour toute ce que tu voudrais faire, parce qu’il va être bientôt l’heure d’aller jouer dehors
— Mmm… Je voudrais avoir des bras grands ouverts, poursuit Clémentine, des épaules confortables, une bouche savoureuse et… Et un joli sourire !
— Un joli sourire ? dit Paul en se grattant la tête. Mais ça ne sert à rien d’avoir un joli sourire ! Ce n’est pas un métier d’être « sourieuse » professionnelle ! Personne fait ça !
— Moi, je sais ! s’écrie Lucette. En fait, Clémentine veut avoir un joli sourire pour qu’un beau garçon tombe amoureux d’elle et qu’il lui fasse plein de bébés. Hein, Clémentine, tu voudrais être une maman qui s’occupera bien de ses enfants ?
— C’est joli, mais ce n’est pas ça, dit la fillette.
— Ah, j’ai trouvé ! dit Paul en levant l’index. Tu veux être présentatrice météo, parce que pour passer à la télé, il faut toujours sourire !
— Non.
— Tu y comprends quelque chose, Lucette ? se renseigne Paul.
— Non, rien de rien, grimace la fillette.
— On en a assez ! souffle Paul. Allez, dis-nous maintenant, j’entends des pas dans le couloir, ça doit être maman qui vient !
— D’accord, dit Clémentine. Eh bien, plus tard, je voudrais être une donneuse d’amour !
— Quoi ? s’exclame Lucette. Mais comment ça ? C’est pas un métier « donneuse d’amour » !
— Non, ce n’est pas un métier, acquiesce Clémentine, mais c’est une « attitude de cœur » comme le répète souvent maman ! Oui, Je me dis que si j’ai des bras grands ouverts pour serrer quelqu’un de malheureux tout contre moi, si j’ai des épaules assez confortables pour qu’il puisse y poser sa tête, si j’ai une bouche savoureuse pour lui dire de gentilles paroles qui lui feront du bien, et si en plus, j’ai un grand sourire à lui partager, alors je crois… Oui, je crois bien alors, que j’aurai le plus beau des métiers du monde. Le métier de tout faire pour rendre les gens heureux !
By Christ’in
A reblogué ceci sur By Christ'in.
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